jeudi 31 mars 2016

Saint-Irénée: entre séduction et imagination


Au bord du fleuve chez nous.
Saint-Irénée. Il y a trois ans, j’ignorais son existence et maintenant, ce beau village fait partie intime de ma vie. Ce fut une séduction sans pareil fondée dans une belle complicité intemporelle. Sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent à plus d’une heure à l’est de la ville de Québec, le long de la route 362, cette perle cachée est blottie entre Baie-Saint-Paul et La Malbaie. Je connaissais bien Charlevoix, ou du moins je le croyais. J’y étais allée plusieurs fois avec ma famille au Fairmont Le Manoir Richelieu, en prenant la 138. Dire comme tout le monde que c’est un panorama incontournable semble presque un cliché. Il n’y a vraiment pas de juste mot pour décrire le littoral charlevoisien et les émotions qu’il conjure. Tout ce que je peux affirmer est qu’ici, il y a un cachet spécial et unique qui vient nous chercher par les tripes. Ce sont pour ces raisons que chaque année, comme les oiseaux migrateurs et la faune marine, les vacanciers reviennent se ressourcer. Il fait bon vivre ici.
Je n’avais jamais pris la route du fleuve jusqu’au jour où nous étions à la recherche d’un terrain pour construire notre maison. Notre terrain coup de cœur nous l’avons trouvé dans les Domaines du Ruisseau-Jureux, sur le bord du fleuve et de là, nous nous sommes mis à planifier notre retraite active. Celle où l’on veut vivre en toute quiétude et autonomie, pour accueillir nos enfants, petits-enfants, parents et amis autour d’une table champêtre avec un bon vin et une bonne fourchette provenant des produits du terroir.

Écrivaine, blogueuse, artiste-peintre, musicienne et pouce vert, j’avais une liste de critères précise pour mon nouveau lieu de résidence. Il en était de même pour mon conjoint dont la liste était plus longue que la mienne. Quand on habite une région où il y a un centre de musique et de danse de réputation internationale, un patrimoine naturel reconnu par l’UNESCO, plus de galeries d’art que de banques, qu’un résident sur six est membre du club d’horticulture, que les artistes-peintres, écrivains et poètes viennent pour tremper leur pinceau ou leur plume dans toute cette inspiration, on ne fait pas d’erreur. C’est le nirvana total. Il serait difficile de trouver un élément qui surpasse tous ces attraits, mais il y en a un bien précis : ce sont les habitants eux-mêmes. Ce sont des gens authentiques et chaleureux qui sont fiers de leur patrimoine naturel et culturel. L’accueil qu’ils nous ont réservé nous a étonnés. Ils sont les meilleurs ambassadeurs de la région pour leur convivialité, le désir de rendre service et une sincérité désarmante.

La guérite du Domaine Forget
Les gens qui habitent ici ont une chance peu commune. Le fleuve Saint-Laurent domine tout avec son bleu polymorphe qui s’estompe dans le firmament et de l’autre côté, les montagnes du même bleu infini. Les touristes font la file au cours des saisons pour vivre une expérience unique qui meublera leurs souvenirs d’un endroit où le temps se semble arrêté. Vivre dans une zone de villégiature a ses bénéfices. Ce que les gens recherchent, nous le vivons ici et nous le protégeons. Des premières lueurs à l’aube jusqu’aux dernières lumières qui ponctuent la côte, Saint-Irénée ouvre ses bras grands ouverts dans ses maisons touristiques, ses restos et sa plage.

Le jardin français du Domaine Forget
Le soir, sur les airs de la plus belle musique du monde, le Domaine Forget bat la mesure qu’elle soit classique ou contemporaine. Heureux qui comme Rousseau, devient promeneur solitaire dans le jardin français où des sculptures surgissent des grands parterres pour nous rappeler que le surréel n’est pas si loin du réel. Que l’art ici, dans ce petit village est grandeur nature parce que vivre à Saint-Irénée, c’est comme vivre dans un tableau.  
Saint Irénée est la destination idéale pour les tête-à-tête
La plage de Saint-Irénée à la marée basse
romantiques et les vacances familiales. Les petits comme les grands font la file chez Ginette pour
se sucrer le bec. Ça sent bon chez Ginette. Ça grouille de vie avec les touristes qui se pressent pour retourner à la plage pour faire de l’équitation, apercevoir des bélugas ou regarder les vraquiers qui sillonnent silencieusement devant eux. Pour des provisions ou des petites gâteries sucrées, il y a le Père d’Antoine avec ses navires miniatures exécutés de la main passionnée d’un maître qui nous raconte son vécu sur le fleuve. Pour une bière provenant des microbrasseries de l’endroit, la Flacatoune offre un panaché d’arôme provenant de la terre et de la mer. Le Bistro Saint-Laurent est un resto des plus intimes où le chef vient nous accueillir et récite les plats du jour. Les résidences touristiques, les couettes et café et le motel offrent un hébergement abordable et agréable.
Suite à l'hôtel Le Rustique

Nous avons eu le plaisir de passer un séjour à l'hôtel Le Rustique à quelques reprises où Diane nous a accueillis comme si on était de la famille. Les chambres sont belles, la table est bonne, mais c’est la complicité des convives qui s’y plaisent qui ajoute au cachet de cet endroit. Le matin, on entend le forgeron à côté, battre le fer dans l'atelier L’idée forgée. La petite église, celle qui figurait dans l’émission Le temps d’une paix, surveille le village comme un phare protège les marins. On se sent bien ici. Même la lumière du jour semble différente. On le voit dans les tableaux des artistes qui ont saisi les couleurs dépourvues d’ombre.
L'église de Saint-Irénée
 J’ai visité des pays lointains où je m’émerveillais de voir les gens tout arrêter pour regarder un coucher du soleil disparaître dans les flots d’un océan ou une contrée exotique. On pouvait sentir que ce moment précis venait les chercher au plus profond de leur être. C’était un état de grâce et c’est très rare. Je les enviais. À Saint-Irénée, c’est un phénomène qui se répète quotidiennement. Il n’est pas surprenant de voir des centaines de voitures garées sur le bord de la route le long du village. Les occupants ont arrêté leur trajectoire pour marcher sur la plage de Saint-Irénée à la marée basse. C’est un rituel bien rodé. Ils marchent vers l’eau et regardent vers l’infini dans le bleu en mouvance, où se confondent mer et ciel. Non loin, des cavaliers descendent la plage avec leurs montures avec une grande nonchalance délectable. Les enfants jouent dans le sable. Les grands cherchent les baleines, les bélugas et les rorquals au bout de la Jetée des éperlans. Les plus vieux s’enfoncent dans des chaises dans une douce oisiveté, les deux pieds dans le sable, en respirant profondément l’air marin. On est bien ici à Saint-Irénée.
La côte charlevoisienne vue de chez nous
Donc, la prochaine fois que vous ferez le trajet entre la Baie-Saint-Paul et La Malbaie, prenez la 362 et venez découvrir un endroit qui meuble non seulement le cœur, mais l’imagination. Saint-Irénée, le plus beau village du Québec et c’est chez nous.

 

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