Au bord du fleuve chez nous. |
Saint-Irénée. Il y a trois ans, j’ignorais son existence et
maintenant, ce beau village fait partie intime de ma vie. Ce fut une séduction
sans pareil fondée dans une belle complicité intemporelle. Sur la rive nord du fleuve
Saint-Laurent à plus d’une heure à l’est de la ville de Québec, le long de la
route 362, cette perle cachée est blottie entre Baie-Saint-Paul et La Malbaie.
Je connaissais bien Charlevoix, ou du moins je le croyais. J’y étais allée
plusieurs fois avec ma famille au Fairmont Le Manoir Richelieu, en prenant la 138.
Dire comme tout le monde que c’est un panorama incontournable semble presque un
cliché. Il n’y a vraiment pas de juste mot pour décrire le littoral charlevoisien
et les émotions qu’il conjure. Tout ce que je peux affirmer est qu’ici, il y a
un cachet spécial et unique qui vient nous chercher par les tripes. Ce sont
pour ces raisons que chaque année, comme les oiseaux migrateurs et la faune
marine, les vacanciers reviennent se ressourcer. Il fait bon vivre ici.
Je n’avais jamais pris la route du fleuve jusqu’au jour où
nous étions à la recherche d’un terrain pour construire notre maison. Notre
terrain coup de cœur nous l’avons trouvé dans les Domaines du Ruisseau-Jureux,
sur le bord du fleuve et de là, nous nous sommes mis à planifier notre retraite
active. Celle où l’on veut vivre en toute quiétude et autonomie, pour
accueillir nos enfants, petits-enfants, parents et amis autour d’une table
champêtre avec un bon vin et une bonne fourchette provenant des produits du
terroir. Écrivaine, blogueuse, artiste-peintre, musicienne et pouce vert, j’avais une liste de critères précise pour mon nouveau lieu de résidence. Il en était de même pour mon conjoint dont la liste était plus longue que la mienne. Quand on habite une région où il y a un centre de musique et de danse de réputation internationale, un patrimoine naturel reconnu par l’UNESCO, plus de galeries d’art que de banques, qu’un résident sur six est membre du club d’horticulture, que les artistes-peintres, écrivains et poètes viennent pour tremper leur pinceau ou leur plume dans toute cette inspiration, on ne fait pas d’erreur. C’est le nirvana total. Il serait difficile de trouver un élément qui surpasse tous ces attraits, mais il y en a un bien précis : ce sont les habitants eux-mêmes. Ce sont des gens authentiques et chaleureux qui sont fiers de leur patrimoine naturel et culturel. L’accueil qu’ils nous ont réservé nous a étonnés. Ils sont les meilleurs ambassadeurs de la région pour leur convivialité, le désir de rendre service et une sincérité désarmante.
La guérite du Domaine Forget |
Le jardin français du Domaine Forget |
Le soir, sur les airs de la plus belle musique du monde, le
Domaine Forget bat la mesure qu’elle soit classique ou contemporaine. Heureux
qui comme Rousseau, devient promeneur solitaire dans le jardin français où des
sculptures surgissent des grands parterres pour nous rappeler que le surréel
n’est pas si loin du réel. Que l’art ici, dans ce petit village est grandeur
nature parce que vivre à Saint-Irénée, c’est comme vivre dans un tableau.
Saint Irénée est la destination idéale pour les tête-à-tête
romantiques et les vacances familiales. Les petits comme les grands font la file chez Ginette pour se sucrer le bec. Ça sent bon chez Ginette. Ça grouille
de vie avec les touristes qui se pressent pour retourner à la plage pour faire
de l’équitation, apercevoir des bélugas ou regarder les vraquiers qui
sillonnent silencieusement devant eux. Pour des provisions ou des petites
gâteries sucrées, il y a le Père d’Antoine avec ses navires miniatures exécutés
de la main passionnée d’un maître qui nous raconte son vécu sur le fleuve. Pour
une bière provenant des microbrasseries de l’endroit, la Flacatoune offre un
panaché d’arôme provenant de la terre et de la mer. Le Bistro Saint-Laurent est
un resto des plus intimes où le chef vient nous accueillir et récite les plats
du jour. Les résidences touristiques, les couettes et café et le motel offrent
un hébergement abordable et agréable.
La plage de Saint-Irénée à la marée basse |
Suite à l'hôtel Le Rustique |
Nous avons eu le plaisir de passer un
séjour à l'hôtel Le Rustique à quelques reprises où Diane nous a accueillis comme si on
était de la famille. Les chambres sont belles, la table est bonne, mais c’est
la complicité des convives qui s’y plaisent qui ajoute au cachet de cet
endroit. Le matin, on entend le forgeron à côté, battre le fer dans l'atelier L’idée forgée. La petite église, celle qui figurait
dans l’émission Le temps d’une paix, surveille le village
comme un phare protège les marins. On se sent bien ici. Même la lumière du jour
semble différente. On le voit dans les tableaux des artistes qui ont saisi les
couleurs dépourvues d’ombre.
J’ai visité des pays
lointains où je m’émerveillais de voir les gens tout arrêter pour regarder un
coucher du soleil disparaître dans les flots d’un océan ou une contrée
exotique. On pouvait sentir que ce moment précis venait les chercher au plus
profond de leur être. C’était un état de grâce et c’est très rare. Je les
enviais. À Saint-Irénée, c’est un phénomène qui se répète quotidiennement. Il
n’est pas surprenant de voir des centaines de voitures garées sur le bord de la
route le long du village. Les occupants ont arrêté leur trajectoire pour
marcher sur la plage de Saint-Irénée à la marée basse. C’est un rituel bien
rodé. Ils marchent vers l’eau et regardent vers l’infini dans le bleu en
mouvance, où se confondent mer et ciel. Non loin, des cavaliers descendent la
plage avec leurs montures avec une grande nonchalance délectable. Les enfants
jouent dans le sable. Les grands cherchent les baleines, les bélugas et les
rorquals au bout de la Jetée des éperlans. Les plus vieux s’enfoncent dans des
chaises dans une douce oisiveté, les deux pieds dans le sable, en respirant
profondément l’air marin. On est bien ici à Saint-Irénée.
La côte charlevoisienne vue de chez nous |
Donc, la prochaine fois que vous ferez le trajet entre la
Baie-Saint-Paul et La Malbaie, prenez la 362 et venez découvrir un endroit qui
meuble non seulement le cœur, mais l’imagination. Saint-Irénée, le plus beau
village du Québec et c’est chez nous.
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