Quand j’enseignais à la formation des maîtres à l’Université
d’Ottawa, mes étudiants aimaient citer des auteurs pour ancrer leurs arguments.
Je les taquinais, hochant de la tête calmement, en les avertissant de ne pas
être de ceux qui sont tellement obsédés avec la contre-culture et des
prétentions sociales qu’ils perdraient la capacité de penser en réprimant toute
originalité même s’ils n’en avaient jamais eu . Qu’en réprimant leur identité
personnelle, qu’ils seraient tellement hip qu’ils seraient simplement
tragiques. J’avais peur que cela m’arrive en devenant vert .
Pierre et moi
avions laborieusement fréquenté les salons d’habitation avec leurs spécialistes
pour repérer des ressources et les nouvelles tendances
en construction d’habitation. Nous avons assisté à plusieurs causeries
réalisées par des représentants hautement spécialisés. Un formateur passionné
qui nous a inspirés est Emmanuel Cosgrove, entrepreneur en construction
écologique, cofondateur, directeur général et porte-parole d’Écohabitation, un
organisme à but non lucratif en construction et en rénovation écologique. Emmanuel nous a impressionnés. Ce jeune visionnaire se démarque par son gros
bon sens le plus pur du pratico-pratique. En d’autres mots, il pratique personnellement
ce qu’il prêche et cette crédibilité est importante pour les néophytes que nous
sommes.
En furetant le site d’Écohabitation, qui est le nec plus
ultra dans les ressources en habitation écologique, nous nous sommes inscrits à
deux formations sur les principes de l’écoconstruction et l’intérieur sain et
écologique. Je suis de nature méfiante. Pierre était
emballé, pour ma part, ce n’était pas encore vendu. Malgré l’excellente présentation d’Emmanuel
au Salon de l’habitation, j’étais sceptique. Je m’étais mise dans la tête que
nous allions passer toute la journée dans un environnement archiorganique, en mâchouillant
des germes de luzernes, baignant dans une litanie anticonsommation énergivore,
écolo au bout. En arrivant dans le quartier des bureaux d’Écohabitation, j’étais déjà aux aguets. Restaurant biovégétarien de rigueur. Allure plutôt Bohême
chic du quartier. Bref, je devais surveiller
mon cynisme. Le quartier, l’édifice et le bureau étaient tellement sans prétention,
que cette antiprétention en devenait une. C’était du branding vert mur à mur.
Je commençais à regretter mon choix de venir passer deux jours de formation
quand j’aurais pu fureter pour l’information sur l’Internet. En voyant
l’enthousiasme de Pierre, je me suis résignée tout en grommelant quelque chose de vague que
la Green Peace viendrait me chercher pour ma dissension. Heureusement que je me
suis trompée. La Green Peace m’a laissée en paix.
Les deux formations furent non seulement valables pour leur
contenu et pour le matériel distribué, mais il y avait une belle synergie dans
le groupe composé d’entrepreneurs, de designers, d’étudiants, et d’individus
comme nous qui se lançaient en écoconstruction en plus d’une bête rare, une
courtière immobilière qui terminait sa formation ÉcoCourtier. Emmanuel connait
son affaire. C’est même dans ses gênes, car il cite son père dans ses expériences
en construction éco qu’il réalise encore à ce jour. L’expérience de ces deux hommes vaut son pesant d’or. C’est plus
crédible que de fureter l’Internet et de lire la théorie ou de visionner
YouTube. Pour en connaître plus, je vous
invite à vérifier les liens dans ce blogue. Vous ne serez pas déçus.
Quand l’heure du midi arriva, en mangeant mon burger végétarien avec les collègues du cours, nous étions encore sous
l’effet Emmanuel. Il avait livré la marchandise. Emmanuel est devenu notre guru
dans l’écoconstruction. Ce fut la même expérience lors de la deuxième formation
que nous avons eue avec lui. Mon scepticisme s’était évaporé. Il n’en restait
même pas une poussière. La boîte de Pandore était
ouverte. Pierre et moi y avions plongé. C’est devenu la base de notre nouveau
credo en écoconstruction et la source d’un questionnement sérieux sur les
stratégies à suivre quant à l’utilisation de notre terrain coup de cœur que les
pratiques à suivre sur le chantier de construction et le résultat final, notre maison verte.
La morale de cette histoire : bien loin d’être une
contre-culture ou une prétention sociale, ce que l’on croit être une tendance
ne l’est pas lorsqu’elle est soutenable et que les acteurs
principaux sont redevables. La transparence en construction durable
d’habitation a une couleur et c’est le vert. Vert c’est le nouveau black, le
nouveau ecochic prêt-à-porter.
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