mardi 28 novembre 2017

Le temps des portes

Sentinelles à travers le temps, les portes ont une éloquence tissée par l’histoire humaine sur laquelle elles ont veillé. C’est ce que j’ai découvert lors d’une randonnée pédestre en destination de Saint-Sulpice-de Favières dans le département de l’Essonne en Ile-de-France. Sac au dos, en marchant le long d’interminables champs de tournesols sous un soleil battant, nos bottines nous amenèrent à un village aux maisons endormies. Elle était là, l’église Saint-Sulpice, la plus belle église de village de France, un sanctuaire aux dimensions d’une cathédrale érigée vers 1100. Son architecture gothique a vu le Moyen-Âge, la guerre de Cent Ans, la Révolution française et les grands conflits subséquents. Il faut pénétrer ce sanctuaire par les deux portes imposantes de l’entrée principale. Le guide nous expliqua fièrement leur provenance et démontra qu’après tous ces siècles où les portes ont repoussé le chaos, elles fonctionnent comme si les charpentiers-menuisiers du Moyen-Âge venaient juste de les fabriquer. Malgré tout ce que le guide nous disait sur les autres attributs de ce noble sanctuaire, je ne faisais que me retourner pour regarder les portes, étonnée devant leur ingénierie et leur résistance. Depuis ce temps, je remarque les portes des endroits que je visite et je médite sur leur identité, car chacune a une histoire à raconter. 

Forest Stewardship Council

Aujourd’hui, nous pensons à plusieurs facteurs qu’ils soient esthétiques ou technologiques. Néanmoins, la porte revêt un statut particulier lors de la construction d’une résidence. Elle reflète une signature personnelle parce qu’elle est un élément architectural de premier ordre. Quand vint le temps de choisir nos portes intérieures, nous y avons porté une réflexion sérieuse. LEED v4 a des exigences pour les portes intérieures pour atteindre la certification convoitée. Les matériaux doivent être de provenance régionale, extraite, traitée et fabriquée dans un rayon de moins de 800 km. Elles doivent être saines sans d’urée-formaldéhyde, ni d’autre composé organique volatil (COV). La provenance peut être recyclée soit 50 % pré ou post-consommation, d'une forêt à croissance rapide ou certifiée FSC (Forest Stewardship Council). Les portes doivent être durables pour survivre à l’usure normale pendant plus de 25 ans. La structure de la porte doit être pleine et ne pas contenir de colles nocives.  Ceci élimine plusieurs portes que l’on voit dans certains magasins à grandes surfaces ou utilisées dans la construction de lotissements domiciliaires. Elles sont génériques, proviennent probablement de la Chine et sont loin d’être écologiques. Ce n’était pas une solution que nous envisagions. Il fallait regarder ailleurs.
 
Une de nos portes du monastère
Nous étions épris avec l’idée de mettre des portes anciennes comme on avait vu lors de nos voyages. Ce contraste de style et d’époque dans une maison aux lignes épurées engagerait un dialogue intéressant entre le moderne et l’ancien. C’est en explorant les diverses options pour les portes usagées qu’une journée nous avons pénétré dans une véritable caverne d’Ali Baba dans Griffintown à Montréal. Chez ARTE nous avons fait l’acquisition de 17 portes dont le pedigree variait entre 100 ans pour des portes provenant d’un monastère, jusqu’aux portes rustiques qui avaient connu des décors bucoliques. Nos portes répondaient aux exigences de LEED v4 par le simple fait que c’était de la récupération et qu’on leur donnait une deuxième vie. Cependant, la réalité était la suivante : leur transformation exigeait une attention particulière voulant dire énergie humaine et temps, deux éléments qui commençaient à nous manquer puisque l’échéancier de construction avançait. De plus, les portes étaient de diverses dimensions ce qui demanderait au menuisier-charpentier une attention particulière lors de leur installation. Ensuite, il y avait question de pentures et poignées de l’époque et des produits à utiliser pour les décaper. Conséquemment, nous songions sérieusement à changer de stratégie et faire l’acquisition de portes fabriquées en bois FSC.



Partenaire dans l'écodéclaration
Nos recherches nous menèrent chez plusieurs fabricants qui ne pouvaient pas répondre à nos critères. C’était exaspérant. Nous cherchions des portes de qualité provenant d’un fabricant avec une conscience environnementale fondée sur une documentation impeccable pour LEED v4. Lors d’une formation professionnelle sur LEED, mon conjoint a eu l’occasion de discuter de notre dilemme au sujet des portes avec Josée Lupien, formatrice et présidente de Vertima, une tierce partie qui audite et certifie les Éco-déclarations de produits, offre des formations et coordonne des projets LEED. Sans hésitation, Madame Lupien dirigea notre requête sur le site de Voir Vert, le portail du bâtiment durable au Québec qui publie la liste des fabricants rencontrant les norme de la construction verte. Madame Lupien avait suggéré les Portes Milette de Saint-Boniface en banlieue de Shawinigan. Nous y avons trouvé les portes qui deviendraient un des points de mire dans la décoration intérieure de notre résidence. Non seulement répondaient-elles à tous les critères, mais aussi leur design ajoutait un cachet particulier auquel nous n’avions pas songé : beauté et fonctionnalité intemporelle sans avoir à investir des efforts.

 
Les Portes Milette, est une entreprise de fabrication de portes sur mesure de qualité supérieure avec des matériaux durables. C’est le partenaire par excellence pour un projet LEED v4, car les portes contribuent à l’obtention de crédits LEED dans les catégories Matériaux et Ressources et Qualité des Environnements intérieurs. Lorsque nous entreprenons un projet d’envergure comme le nôtre, il est étonnant de voir un fabricant s’attarder à notre cas particulier pour que nous puissions atteindre nos


L'usine des Portes Milette à Saint-Boniface Qc
cibles. Nous avons eu la chance de visiter leur usine où l’accueil a été des plus chaleureux. L’usine est un point de mire pour une entreprise ayant le souci de transmettre ses valeurs et ses objectifs par une pratique exemplaire. La validation est tangible. Tout le bois utilisé provient d’une ressource renouvelable. La réutilisation des matériaux démontre un souci pour rendre carboneutres les émissions de gaz à effet de serre. Milette récupère les résidus d’emballage de plastique, bois ou verre et la transformation des solvants usés. Toutes les démarches par Milette indiquaient leur position comme leader dans la fabrication responsable.Un des grands soucis pour un consommateur qui veut construire écologique est la traçabilité des matériaux. Il faut étoffer notre demande de certification LEED v4 avec des documents de tierces personnes reconnues dans le domaine. Ce n’est pas une mince affaire. Dans le cas des Portes Milette,
une transparence exemplaire nous a permis de faire notre choix. Toutes nos questions ont été répondues et appuyées par une documentation officielle. Lorsque nous avons présenté nos documents à Écohabitation pour l’évaluation de notre dossier, il n’y avait pas d’hésitation de leur part. Les documents produits pour l’écodéclaration étaient validés. Vertima avait dressé le profil du produit selon le système LEED v4. On ne pouvait demander mieux. Il est rare de voir une documentation aussi succincte et simplifiée pour les consommateurs où l’on parle de la spécification du produit, des attributs, les impacts environnementaux, des ingrédients et émissions, les performances techniques et la gestion environnementale de l’entreprise. Le dossier des Portes Milette était impeccable et nous étions fiers de le présenter à Écohabitation.

Lors de l’évaluation pour atteindre la certification, Benjamin Zizi, ingénieur attitré chez Écohabitation a reconnu les éléments suivants conformément aux exigences LEED v4 : au niveau des matériaux et ressources, les Portes Milette sont reconnues pour la transparence de la déclaration environnementale de leur produit, l’approvisionnement des matières premières et les ingrédients des matériaux, de privilégier des matériaux régionaux. Au niveau de la qualité des environnements intérieurs, ils utilisent des matériaux à faibles émissions. Les portes à panneaux que nous avons choisies ne contiennent pas d’essence tropicale. L’évaluation de nos portes Milette avait atteint l’objectif en nous accordant tous les crédits LEED v4 dans ces deux catégories.

Outre, toutes les caractéristiques écologiques et environnementales, nous voulions de belles portes.Une des caractéristiques principales de notre maison est la luminosité, soit dans l’utilisation de la lumière naturelle pour accentuer les textures des matériaux utilisés et éclairer nos pièces. Nous voulions des portes en bois massif qui complémenteraient le bois de la fenestration et des moulures. Nous avions réussi à créer une atmosphère sereine et les portes devaient accompagner cette belle quiétude. Nous voulions un style intemporel, mais original. Nous avons opté pour le contemporain du style Shaker, avec certaines portes pleines, d’autres avec des verres assurant l’intimité et la clarté. Elles ajoutent à l’effet aéré que nous recherchions avec des lignes droites épurées, dont les panneaux en verre ajoutent à la profondeur. Nos portes dépendant de leur dimension, pèsent entre 45lbs et 55lbs chacune. La panoplie de choix était plus que suffisante pour les fonctions que nous recherchions, soit des portes certifiées FSC à battants, des portes françaises, à panneaux et à cadre. Aujourd’hui, nous ne regrettons pas notre décision. Nous aurions fait une erreur d’utiliser les portes anciennes. Une porte de qualité est un investissement en soi et elle contribue à la valeur de la maison. Nous avons fait le bon choix. Pour ce qui en est des vieilles portes que nous avons achetées, elles trouveront leur vocation dans d’autres projets personnels ou elles seront vendues.
Portes françaises dans la salle familiale au rez-de-jardin

Portes au rez-de-jardin offrant une variété de textures et de luminosité.


 
Porte pour chambre d'invités avec verre assurant l'intimité

Porte de la salle de bain des maîtres

Salle de bain des maîtres avec verre intimité

Portes coulissantes de garde-robe pour la chambre des maîtres

Porte coulissante escamotable pour la chambre des maîtres avec verre intimité

Les portes avec panneaux de verre intimité laissent la lumière naturelle provenant des chambres pénétrer le corridor.

Portes en bois massif dans le foyer principal.
 

 

Comme les portes anciennes qui ont inspiré notre recherche, nos portes Milette racontent leur propre histoire, une qui est basée sur des valeurs et un code d’éthique professionnel appuyant un produit vert soutenable. Elles sont belles et intemporelles, un bon investissement à tout point de vue. Nous aimons notre maison et les choix que nous avons faits étaient importants pour nous. Désormais, les Portes Milette font partie de nos anecdotes et de toutes les saisons de notre vie familiale. À leur tour elles seront comme les portes anciennes qui m’avaient tant impressionnée un jour dans la campagne française sous un soleil battant, elles seront les sentinelles d’une histoire de famille écolo dans Charlevoix.

 

samedi 11 novembre 2017

L'homme qui bâtit des rêves

Il faut donner le temps au temps. C’est un grand maître qui révèle tout. Le temps balaye les imposteurs et confirme les gens authentiques. Le temps développe la persévérance, celle qui nous fait oublier pourquoi un défi serait démesuré par une multitude d’embuches qui nous empêcherait de réaliser notre rêve. Le temps nous enseigne aussi que les obstacles sont des choses que l’on perçoit quand on perd de vue l’objectif. Le temps fait son œuvre et l’expérience recueillie nous révèle que les seules limites à nos réalisations sont celles que nous nous imposons.
  
Il y a un an presque jour pour jour, nous entamions la dernière phase d’une planification qui était tellement importante pour nous, que nous ne voulions pas la confier à quelqu’un qui ne réaliserait pas l’investissement affectif que nous y avions mis au cours des trois dernières années. Nous étions à la recherche d’un entrepreneur honnête, ouvert à nos idées sur la construction écologique, attentif aux exigences sévères de la certification LEED v4 Niveau platine que nous convoitions et il fallait qu’il soit patient. Je dis patient parce que nous sommes la deuxième construction domiciliaire de ce genre au Canada et au Québec. Nous n’étions pas une corporation qui se lançait dans un projet vert, mais bel et bien Môman et Pôpa qui osaient rêver en grand avec un projet de retraite bien mijoté, muri par des formations professionnelles, des heures innombrables à dessiner des plans par mon conjoint, des recherches qui ne semblaient jamais finir et une courbe d’apprentissage tellement aiguë qu’une fois le point de bascule rejoint, nous étions soulagés par le nouvel élan vers la prochaine étape. Il nous fallait un entrepreneur avec une capacité d’écoute phénoménale, car autant nous utilisions des notes de construction volumineuses pour étaler nos exigences, autant que nous soulevions des questions au fur et à mesure de nos constats journaliers. Nous avions une bonne équipe de conception avec l’architecte Anabelle Arsenault de Tergos, des ingénieurs-conseils en la matière avec Benjamin Zizi et Denis Boyer, un mentorat exceptionnel avec Emmanuel Cosgrove d’Écohabitation. Néanmoins, nous nous aventurions dans un territoire nouveau, la construction d’une maison unique en son genre et du jamais vu dans Charlevoix. Il fallait donc trouver un entrepreneur aussi chevronné que nos rêves. Les planètes se sont alignées et le cosmos a répondu à notre demande. Ce billet veut rendre hommage à Normand Duchesne, entrepreneur et propriétaire de Niveautech, situé à Saint-Irénée. C’est un nom que nous avons entendu maintes fois avant de rencontrer l’homme dont la réputation était plus qu’élogieuse.  C’est toute une communauté qui l'appuie.
Un jour que nous étions à la Caisse populaire de Saint-Irénée, j’ai fait le commentaire que leurs portes étaient très belles. La caissière sans broncher répondit : c’est Normand. C'est une expression que nous avons entendu souvent. De plus en plus dans nos échanges dans Charlevoix, lorsque nous demandions qui avait fait l’ouvrage dont la qualité nous impressionnait, le même nom ne faisait que résonner. Le tout a été scellé quand nous faisions une promenade sur notre chemin au Ruisseau-Jureux et regardions les maisons voisines. Nous faisions connaissance avec nos voisins et par la force des choses, on jasait de construction. Inévitablement, on leur demandait l’entrepreneur de leur maison fait sur mesure et c’était encore Normand Duchesne avec sa compagnie Niveautech.
Ses références étaient impeccables. On ne pouvait pas demander mieux. Donc, armés avec le courage de deux novices qui se croyaient chevronnés, nous avons rencontré Norman pour lui parler de notre projet. Nous avions le terrain, mais notre maison dans l’Outaouais n’était pas encore vendue. Pendant les 22 mois qu’il a fallu pour vendre la maison, Normand a écouté notre discours sur la construction écologique, il a visité le terrain à maintes reprises et il nous a impressionnés par sa patience interminable. Pendant ce temps, il nous donnait toujours l’heure juste sans rien exiger. Il était évident pour nous que Normand respectait ses clients et qu’il serait en mesure de nous aider à réaliser notre rêve. Nous savions que cette association nous apporterait une relation professionnelle et personnelle enrichissante. Finalement le grand jour arriva et nous signions notre entente hybride d’autoconstruction. Pierre serait le gestionnaire du projet LEEDv4, je ferais l’administration financière et Normand bâtirait la maison en vue d’obtenir la certification LEEDv4.

Nos travaux débutèrent à l’automne 2016 après avoir emménagé dans une maison de location aux Éboulements. Lorsque les travaux d’envergures ont commencé, nous avions l’impression que le temps s’évaporait aussi rapidement que les brumes automnales. L’équipe de Normand avec le concours des sous-traitants spécialisés s’acharnait pour compléter la première phase de la construction avant les balbutiements de l’hiver. Une fois les murs et la toiture de la maison érigés, les hommes pourraient travailler à l’intérieur, du moins, c’est ce que je pensais. Autant que le mois d’octobre nous eût cajolés avec ses températures favorables, novembre nous coupa le souffle avec ses vents venant du large mettant en péril les murs préfabriqués en usine. La journée la plus dramatique fut lorsque le grutier balançait les murs au bout de son câble que le vent basculait allègrement. Normand et son équipe solidifiaient les murs et la charpente du toit une fois installé sur la fondation.

C’est en décembre avec son froid sibérien que Normand et ses hommes posèrent la toiture en acier.
Normand (casque blanc) explique la stratégie avec son équipe
Quand vint le temps de l’installation des fenêtres, nos ouvriers firent équipe avec les Suisses qui venaient livrer nos fenêtres importées d’Autriche. Pendant une semaine, ils ont tous travaillé ensemble, fusionnant deux cultures de construction bien différentes pour atteindre le but. Le froid imperturbable avait anéanti la technologie. Nous avions près de 8700 livres de fenêtres à soulever et le froid empêchait la robotique de fonctionner pour soulever les fenêtres. Les hommes se sont donc mis à le faire manuellement. La plus lourde, une de nos lucarnes dans la cuisine, pesait 800 livres et fut montée à la main, jusqu’au haut de l’échafaud. Je ne pouvais pas croire qu’on pouvait travailler dans des conditions climatiques aussi exigeantes. Le mercure plongeait à des -34 et les hommes persévéraient, penchés sur le travail à faire. C’est le froid qui dictait l’échéancier et les vacances de Noel approchaient. 

Pierre avec son fidèle tracteur John Deere surnommé Papoute
Quand vint la neige, le défi venait de monter un cran. Tôt le matin, nous nous levions à 4 h 30 pour préparer notre journée pour nous assurer que le matériel serait disponible pour les travailleurs et pour préparer le site extérieur. Pierre démarrait Papoute, notre fidèle tracteur John Deere et déblayait le chemin et les aires de stationnement et de travail. Il fallait accommoder les travailleurs avec leurs véhicules et les camions de livraison. Je pelletais la neige autour des échafauds et le périmètre de la maison. Ensuite, je retournais aux Éboulements pour préparer quelque chose de chaud dans la mijoteuse pour les hommes le midi. C’était la moindre des choses. Nous tenions à exprimer notre reconnaissance, car souvent les ouvriers lâchaient leurs outils pour venir nous aider à déblayer. C’était un vrai travail d’équipe. Normand était toujours au-devant de toutes les démarches et agissait comme liaison entre les ouvriers et les fournisseurs. Ces conseils ponctuels ont facilité la tâche de Pierre qui devait s’assurer que l’approvisionnement et les échéanciers fonctionnent. Lorsque j’avais des questions ou des inquiétudes, Normand avait toujours la réponse qui me rassurait et il s’exécutait rapidement. C’est un homme qui réfléchit avec un focus rapide et qui est en mesure de puiser sur son expérience pour trouver des solutions réalistes. Il maintient un esprit ouvert et s’adapte rapidement aux changements, surtout lorsqu’il intègre un nouveau matériel de construction. Son ouverture d’esprit inspirait son équipe et nous rassurait. En tout temps, nous savions que nous pouvions compter sur lui et qu’il ne nous laisserait pas tomber.
Normand à l'œuvre l'autre côté de la fenêtre dans le froid sibérien

Normand est un homme attentif et très généreux. Un jour d’hiver particulièrement froid, je me souviens en entrant au village d’avoir vu Normand en train d’ériger une aire de pratique de hockey pour son fils Rémi. Ça ne faisait que valider ce que nous savions déjà de Normand, c'est un homme au grand cœur qui n’hésite pas de faire la bonne chose malgré les défis inhérents à la tâche.

Normand discute la finition sur mesure pour l'intérieur.
Les semaines qui allaient venir annonçaient de nouvelles étapes pointilleuses pour respecter les normes de LEED. Pendant que Pierre faisait ses recherches, courrait pour des fournisseurs et répondait aux questions des sous-traitants, Normand agissait comme une liaison efficace en redirigeant parfois nos requêtes, utilisant son réseau de professionnels et surtout, en validant nos démarches au niveau de la construction. Nous avions le nez collé à la ligne de temps du projet pour préparer la maison pour les séries d’inspections environnementales, écologiques et les tests des ingénieurs. Nos victoires étaient leurs victoires, nos défis étaient leurs défis. La synergie existait, car c’était un bon chantier. Nous avons reçu des visiteurs entre autres, de présidents et vice-présidents des compagnies de nos fournisseurs qui voulaient voir l’application en temps réel de leurs produits. Nous les rencontrions pour parler de notre expérience. Normand contribuait aux échanges avec des renseignements sur l’application et l’exécution des travaux. Lors des tests des ingénieurs, il était disponible pour répondre à leurs questions et surtout préparer la maison pour l’inspection.

Au fur et à mesure que les travaux avançaient, la technologie spécifique pour la performance écologique et écoénergétique, les matériaux, les méthodes de travail et les consultations avec de tierces parties devenaient de plus en plus exigeants. Pour obtenir la certification LEEDv4 Niveau Platine, tout est obligatoire. Il n’y a pas de compromis. Lorsque les sous-traitants arrivaient, Pierre les mettait à la page pour s’assurer que les normes étaient respectées et que les notes de construction étaient respectées. Pour plusieurs sous-traitants, c’était la première expérience avec LEED. Ce qui a rendu la tâche plus facile est que Norman nous avait recommandé de bons fournisseurs et installateurs locaux. Cette formule gagnante a favorisé des résultats atteignant notre cible. Une belle alliance s’est développée entre nous et tous les travaillants, nous étions plus qu’une équipe, nous devenions des amis.


L'Heure Bleue, notre maison écologique à Saint-Irénée
Le printemps charlevoisien est tardif, toutefois il apporte ses faveurs tant attendues. Les travaux de finition étaient terminés avec le revêtement et les fenêtres. Les journées allongeaient, et encore une fois le temps apportait avec lui le retour des oiseaux, le verdissement des prés, les premières fleurs du printemps et la réalisation que nous avions une vraie maison, pas une structure en voie de construction, mais que la maison était réelle. Le chantier devenait de plus en plus silencieux et finalement, les derniers échafauds partirent avec tous les camions. Le soleil entrait par la fenestration généreuse et effleurait nos planchers de noyer blanc. Je marchais dans les pièces et je pouvais imaginer facilement notre vie ici. Souvent, Pierre et moi arrêtions nos travaux de vernissage pour saisir le moment présent, cette petite voix intérieure qui nous dit que nous avons non seulement fait la bonne chose, mais aussi que nous avons relevé un défi de taille et que nous l’avons bien fait. 

Nos terrasses avec vue sur fleuve et accès au bord de l'eau.
Tous les matins, nous nous faisons un devoir d’exprimer notre reconnaissance en regardant les premières lueurs du jour, l’heure bleue où la nuit cède un horizon de feu pour annoncer un nouveau jour. C’est la première heure du jour où les oiseaux commencent à chanter, où les fleurs et les fruits sont à leur meilleur parfum. C’est le moment présent où Pierre et moi partageons un sentiment de quiétude, une vie de couple pleine de découvertes à venir avec une sérénité bien enracinée dans une nature à couper le souffle. C’est pour ces raisons que nous avons nommé notre maison L’Heure bleue en gage de notre reconnaissance de saisir tous les jours qui nous sont donnés.

On ne peut que sourire, rire même quand on pense aux étapes que nous avons franchies. Notre famille et nos amis réalisent l’ampleur de notre projet et nous ont demandé si nous le recommencions. Sans hésitation, nous répondons que nous le referions demain matin. C’est une réponse qui vient de l’expérience vécue et elle vient aussi du cœur. Nous le referions avec Normand Duchesne sans hésitation. L’autoconstruction n’est pas pour tout le monde. Construire une maison clé en main est plus simple, mais nous voulions un projet de retraite. C’est notre dernière maison et nous voulions investir toute notre énergie pour l’atteindre parce que c’est important. Au bout de notre trajectoire, nous réalisons la différence entre construire et bâtir. C’était plus qu’un projet de construction. Nous avons bâti notre chez-nous pour vivre les belles années qui nous attendent avec nos enfants et petits-enfants. C’est une de nos plus belles réalisations.

Si jamais vous êtes dans notre bout de Charlevoix, et vous voulez voir ce qu’un couple à la retraite peut faire quand ils sont motivés et têtus, venez nous voir. Si vous voulez voir ce qu’un homme peut faire lorsqu’il a une vision et de la persévérance, regardez dans Charlevoix ce que Normand Duchesne a bâti avec Niveautech. Si le temps apporte la réalisation de la mesure d’un rêve, nous pouvons vous partager notre histoire. Si le temps apporte la réalisation de la mesure d’un entrepreneur, c’est l’histoire de Normand Duchesne, un bâtisseur de rêves qui deviennent des communautés.

  


dimanche 5 novembre 2017

Et la lumière fut

Ce mystère infini. La lumière qui voyage plus vite que le son. Celle qui réconforte, qui nous guide, qui nous réchauffe et nous protège. Le romancier Haruki Murakami écrit que le bonheur est : "là où il y a de la lumière, il y a nécessairement de l’ombre, là où il y a de l’ombre, il y a nécessairement de la lumière." La lumière a longtemps été associée à cette paix intérieure que l’on cherche perpétuellement à cultiver. L’artiste la transpose sur sa toile, car les couleurs viennent d’elle. La science mesure le temps avec des années-lumière. Les enfants la laissent danser sur le bout de leurs doigts et quand on éteint la lumière, ils nous demandent où elle est allée. Nous avons compris très tôt l’importance de la lumière. C’est la source de vie inaltérable que l’on manipule à notre gré.


Des lucarnes géantes éclairent et réchauffent notre maison.
Éclairage naturel de la cuisine
Quand vint le temps de faire les plans pour l’éclairage de notre maison, l’architecte en a discuté longuement avec nous. La fenestration imposante apporte suffisamment d’éclairage naturel que ce soit au rez-de-chaussée ou au rez-de-jardin. Au cours des saisons, nous suivons la course du soleil sans même avoir besoin d’aller à l’extérieur. Les chiens assis imposants, des lucarnes géantes dans la salle de séjour, salle à manger et la cuisine nous donnent l’heure juste. La nuit, c’est la lune qui nous éclaire et la fameuse voute céleste de Charlevoix avec sa voie lactée visible à l’œil. Toutefois, la vraie vie n’est pas si romantique. Quand les journées raccourcissent et que le soleil descend derrière les montagnes du célèbre astroblème charlevoisien, comme un reflex bien rodé nous allumons les lumières, non seulement pour fonctionner, mais pour nous réconforter.
Dans notre boisé, il fait noir comme chez le loup. Donc, une fois le plan d’éclairage établi, il fallait revoir les exigences de LEEDv4 pour obtenir la certification. C’était le début d’un exercice fort agréable sous l’œil expert de Michel Pilote, designer d’éclairage et propriétaire de Luminaire Décor Etcetera, de Baie-Saint-Paul. Pour ce faire, nous avons étalé nos exigences, les plans de l’architecte et nos goûts personnels. Michel est venu sur le chantier à plusieurs reprises et a mandaté un spécialiste de la lumière pour peaufiner le design quand vint le temps de choisir l’éclairage dans le garage de mon conjoint qui avait des exigences spécifiques à cet égard.


Une fusion de l'extérieur et de l'intérieur
Pour que l'éclairage soit écologique et écoénergétique, il va sans dire que le contrôle est la priorité. On favorise la lumière naturelle et nous l’avons atteint avec la fenestration qui compte pour plus de 33 pour cent de la maison dont plus de 90 % des pièces ont accès à la lumière naturelle. Un ingénieur a fait le calcul pour optimiser l’apport de la lumière, car dans notre cas, la lumière naturelle procure aussi de la chaleur. Nous avons donc des fenêtres placées stratégiquement dans certaines pièces pour utiliser la lumière naturelle, et des portes intérieures vitrées pour diffuser la lumière dans les couloirs.
Éclairage indirect
L’éclairage intérieur adapté à nos besoins quotidiens est contrôlé par un programme de domotique résidentiel pour le confort et la sécurité. Nous avons choisi des contrôles manuels avec interrupteurs, des détecteurs de mouvement, des capteurs intelligents, des gradateurs, des témoins pour indiquer qu’une lumière est allumée dans une pièce peu visitée. Tous les appareils, luminaires et accessoires sont homologués Energy Star pour obtenir le niveau de performance énergétique supérieur exigé par LEED v4. De ce fait, nous pouvons mesurer et suivre la performance énergétique réelle pour fournir des mesures correctives. Nous utilisons également de l’éclairage indirect pour valoriser certaines caractéristiques architecturales comme les textures et les matières nobles.

Lecteur en temps réel
Puisque l’éclairage compte pour plus de 5 à 10 % de la consommation de l’énergie d’une habitation, il joue un rôle important dans l’accréditation LEED v4. Michel Pilote nous a guidés dans nos choix en nous offrant un vaste choix et d’options en recherchant personnellement ce dont nous avons besoin. Tous les appareils qu’il nous a vendus sont Energy Star, une homologation exigée par LEEDv4 et qui amène des économies de 50 à 70 % en consommation d’énergie. Il nous a également fourni un appui indéniable pour l’éclairage DEL pour optimiser son utilisation. Son design favorise de bonnes habitudes d’éclairage. Il utilise l’ampoule dont l’intensité lumineuse convient à nos besoins spécifiques, le nombre adéquat de luminaires pour l’éclairage général, l’éclairage localisé pour accentuer des éléments ou pour faire certaines tâches. Les ampoules DEL utilisent 90 % moins d’électricité et ont une longévité de 20 ans.
Les inventeurs des diodes électroluminescentes ont reçu le prix Nobel de physique pour cette découverte et mise en application. Toutefois, comme toute bonne chose, il y a un bémol. Les ampoules DEL produisent de la lumière bleue utilisée partout, la télé, le cellulaire, la tablette numérique, l’ordi. C’est aussi une tendance en architecture pour ses qualités de lumière froide. Normalement, la lumière que l’on perçoit semble blanche, mais elle réellement un mélange de couleurs. On a qu’à penser aux couleurs de l’arc-en-ciel. Il y a aussi d’autres lumières que nous utilisons quotidiennement comme les ultraviolets, les rayons X, les infrarouges et les microondes. Nous connaissons les précautions dans certaines de ces applications, mais nous ignorons l’apport des lumières DEL dans nos pratiques quotidiennes. La lumière bleue produit des modifications moléculaires au niveau de la rétine, du cristallin et de la cornée. Elle peut causer un vieillissement prématuré des structures de l’œil telle la dégénérescence maculaire et occasionner des cataractes. La lumière bleue a aussi ses effets thérapeutiques comme la luminothérapie pour ses effets sur la dépression saisonnière. Dans notre cas, les risques photobiologiques sont minimes puisque nous avons choisi des lumières DEL au blanc chaud, contrairement au bleu froid.

Éclairage tamisé
Pour l’extérieur, nous avions plusieurs critères tels des appareils Energy Star, l’utilisation de la technologie Del, la mise en valeur des qualités architecturales de notre résidence et de son aménagement paysager, la sécurité et les voies d’accès. Le tout a été réalisé avec des capteurs de mouvement, des cellules photovoltaïques et des commutateurs directs. L’effet de la lumière sur la texture du revêtement de la maison met non seulement en valeur ses propriétés esthétiques, mais aussi assure un éclairage plus ponctuel et tamisé. Puisque notre propriété est riveraine, la réduction de la pollution lumineuse s'est ajoutée à notre liste. Michel Pilote nous a guidés pour éviter la lumière intrusive, l’éblouissement et le suréclairage.
Exemple de pollution lumineuse
La pollution lumineuse est la conséquence de l’éclairage artificiel nocturne sur la faune, la flore, les écosystèmes. Cette pollution engendre un déséquilibre sur le comportement, les fonctions physiologiques et les rythmes biologiques, la désorientation temporelle de l’écosystème environnant et des espèces qui l’habitent. Les habitudes ancestrales de la faune terrestre et aquatique peuvent être perturbées par la pollution lumineuse au niveau de la reproduction, la migration, le sommeil et la recherche de la nourriture.

Les bateaux de croisière passent chez nous.
Le soir nous voulons voir les voiliers, les vraquiers et les bateaux de croisière tout illuminés passer sur le fleuve. Indéniablement, la meilleure lumière le soir est la voute céleste de Charlevoix. La pollution lumineuse nuit à cet exercice. Nous avons tout à gagner en demeurant discret sous les voiles de la nuit.

La lumière est la source de vie inaltérable que l’on manipule à notre gré. La leçon que nous avons soutirée de cette expérience démontre encore une fois que lorsque nos valeurs deviennent intrinsèques à nos réalisations, la courbe d’apprentissage ne peut que monter pour améliorer notre sort. C’est en changeant notre zone de confort et calmant nos doutes que l’on grandit que l’on adopte un nouveau paradigme pour protéger nos principes. Cela ajoute une grande qualité à notre quotidien. Maintenant, quand j’allume ou j’éteins une lumière, je sais que je ne suis pas seule. J’ai toute la planète, les étoiles, et Gaia qui soupirent de reconnaissance.

lundi 4 septembre 2017

Muscari: l'art du jardin à la carte


Le souffle chaud de l’été est parfumé d’aromates sauvages. Je demeure inerte, les pieds enracinés dans ma terre pour savourer cet instant. Les lupins sauvages commencent à s’éteindre comme le dernier soupir d’un tison. Les pommiers laissent tomber leurs pétales vaporeux, car bientôt le fruit viendra. Les aubépines lèvent la tête avec leurs bourgeons porteurs de douceur. Éventuellement, la verge d’or envahira ce tableau serein balayé au gré du vent du fleuve. J’accueille tous ces parfums sauvages réchauffés par le soleil. Je ferme les yeux le temps d’un instant et je me laisse transporter. Un soupir qui gonfle mes poumons avec le vent du large et la terre chaude me ramène à la réalité. Les immortelles, ces fleurs dont le parfum demeure longtemps après que les pétales tirent leur révérence, plaisent mon regard en venant me chercher. C’est ça être jardinier et mon jardin est une méditation à ciel ouvert. On dit que le bout du monde et le fond d’un jardin décèlent les mêmes merveilles. Pour moi, jardiner est avoir la nature à fleurs de pot.

Chaque saison, apporte de nouveaux yeux. Je vois ce qui m’entoure et j’en suis reconnaissante. Je pense aussi au travail qui m’attend. La réalité me frappe et mon inspiration est ramenée à la réalité. J’ai besoin d’aide. Ce n’est pas une capitulation, c’est une stratégie dictée par LEEDv4 et l’aménagement paysager de notre maison. Toujours en quête de cette certification internationale, je revois les exigences LEEDv4 au niveau de la gestion de l’eau, des ilots de chaleur, et tout le tralala. Mon soupir me trahit. J’aimerais mieux jouer dans les quelque cent mille pieds carrés de terrain, au lieu de mesurer et de justifier ma démarche, mais rigueur oblige. Malgré les quelque dix mille fiches de Pinterest sur le jardinage et la permaculture que j'ai accumulée pendant les trois dernières années, cette terre rocheuse suscite des inquiétudes. Ma voisine Jocelyne me suggère son horticultrice avec tout un bagage de louange. Je le vois de mes yeux. Leur terrain est à couper le souffle par le choix des plantes et leur disposition comme si elles avaient toujours été là. C’est donc avec aplomb, que je retourne chez moi, après un diner copieux entre filles, et j’appelle Julie Gauthier, propriétaire de Muscari, un service d’horticulture à la carte. J’aime déjà le nom. Muscari, petite fleur tenace d’un mauve vibrant et dont le parfum évoque le désir de tout arrêter pour l’apprécier.

Julie Gauthier, propriétaire de Muscari, le jardin à la carte
Julie Gauthier est une jeune femme au sourire facile, aux yeux noirs pétillants, et une intelligence vive. Sa capacité d’écoute démontre un respect sincère pour les besoins de sa clientèle. Sans prétention, elle me suit pendant notre visite initiale du terrain. Mon débit incessant me donne l’impression de faire du coq-à-l’âne, car je ne veux rien oublier. Pourtant, j’avais écrit ma stratégie avec deux messages précis : réaliser un aménagement extérieur LEED v4 et le faire moi-même. Le concept du jardin à la carte était la formule qu’il me fallait. Nous n'avons pas perdu de temps. Une belle synergie s'est installée en tissant un lien de confiance. J'étais impressionnée par ses connaissances qu'elle partageait avec moi discrètement. Son expérience en dit beaucoup. Je lui montrais des plantes et elles les identifiait me permettant ainsi de faire l'inventaire. C'est, comme elle le dit bien, une fille de terrain qui connait bien les végétaux et leur botanique. Moi j'ai vu quelque chose de plus. Julie a à cœur son coin de pays charlevoisien, elle le connait très bien et dans ses interventions avec moi, elle cherche à la conserver. Dans son approche, elle ne bouleverse pas la nature pour en faire un tableau rase. C'est plutôt avec un tact qui lui est tout à fait naturel, que Julie me fait découvrir les perles cachées, les saisons à venir et qui me donne le goût de voir l'horticulture autrement. Je comprends maintenant que la plus belle qualité d'un jardinier est de donner le temps au temps parce que la nature fait bien les choses. On ne peut pas être plus écolo que cela!

Solide de son expérience d’horticultrice, Julie Gauthier offre un service à la carte. Le concept est génial avec les options suivantes : le jardin illustré fournit une image virtuelle avec Muscari Design pour visualiser l’aménagement personnalisé. Le jardin avisé, celui que j’ai choisi, nous permet de réaliser nous-mêmes les travaux d’horticulture tout en profitant du service-conseil de Julie. Elle répond à toutes nos questions et fait des recommandations. Le jardin assisté propose de faire les travaux avec le client dans une symbiose toute simple que ce soit pour les tâches de plantation, de division de vivaces, taille de haies, désherbage ou autre. Le jardin spontané offre une souplesse sur mesure. Grâce aux conseils de Julie et de son service-conseil, nous avons atteint les cibles de LEEDv4, et transformé un défi en épanouissement.

Quelqu'un a dit que le bonheur est l'art de faire un bouquet avec les fleurs qui sont à notre portée. L’aménagement paysager est un de nos projets évolutifs. Puisque la saison est courte dans Charlevoix, l’aménagement de notre forêt nourricière se fait au gré des saisons. J'avoue que l'entretien des sous-bois et l’élagage des pommiers semblent une tâche monumentale pour les novices que nous sommes.
La première phase de notre projet est l’aménagement du terrain immédiatement en périphérie de la maison pour répondre aux exigences LEED v4. J'ai divisé cette partie de notre terrain en zones spécifiques. Nous visons principalement : la réduction des ilots de chaleur, l’écoulement des eaux, la récolte de l’eau de pluie et un jardin pluvial.  Le tout doit être réalisé en intégrant des stratégies écologiques et prenant en considération notre microclimat le long du fleuve.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     
Pour ce faire nous avons dû assurer les étapes suivantes :

·        Faire un inventaire des plantes indigènes

·        La pelouse étant interdite pour LEEDv4, nous avons semé du trèfle blanc (100%) devant la maison, 15%  sur les côtés et à l’arrière.

·        Il n’y aura pas d’irrigation; l’eau est approvisionnée par les barils d’eau et les averses

·        Il y a 18 pouces de gravelle de couleur pâle autour de la maison en guise de bande de propreté et pour le chemin donnant accès au garage et l’entrée principale de la maison. Les autres entrées sont en trèfle.

·        Les zones que nous entamons cette année en périphérie immédiate à la maison sont les suivantes :
Zone A : haie mixte indigène comme brise-vent et nous donner de l’intimité ; cette haie longe la clôture en perches le long du chemin principal et se compose de rosiers, framboisiers, sureaux et d’une arbustaie mixte. Nous intégrons des sapins baumiers pour former un écran contre le vent et nous donner plus d’intimité.

Zone B : Haie de lilas : le long de notre chemin privé (perpendiculaire au chemin principal) qui mène à  notre résidence;  pour contrer la possibilité d’ilot de chaleur qui réchaufferait la maison l'été, protéger la section G, empêcher l’érosion du sol, intercepter la neige, attirer les oiseaux et les abeilles (recommandé par Agriculture et agroalimentaire Canada); les lilas sont présentement d’une hauteur moyenne d’un mètre. D’ici 10 ans, ils auront atteint environ 7 mètres de hauteur et seront en mesure d’ombrager notre chemin privé l’été.

Zone C : Végétation mixte entourée par les zones G, B, H, F; arbres matures comme érable champêtre, aulne, amélanchier, aubépine, sorbier des oiseaux, peuplier tremble, sapin baumier, thuya, pommier, gadellier, sureau du Canada et vivace comme la verge d’or, Lysimaque, fougères rustiques et chardon. La zone C procure de l’ombrage sur le jardin pluvial, le jardin xérophile, l’entrée de cour devant la maison et le garage.
Zone D : tuyau : purge pour puits; se vide dans le fossé le long de la ligne séparant les terrains (au besoin); ce fossé a été creusé pour le drainage des eaux de pluie en provenance du chemin principal pour permettre l’écoulement vers le bas du terrain.

Zone E : Haie de cèdres : brise-vent le long de notre chemin privé à l’arrière de la maison menant au fleuve : empêche l’érosion du sol, et aide dans l’écoulement des eaux. 
Zone F : zone de forêt mixte : ne sera pas touchée puisqu’elle est habitée par des cerfs de Virginie (preuve de leurs ravages été comme hiver). Nous avons compté 11 cervidés dans un même instant sur notre terrain. Ils se nourrissent des arbres fruitiers et de baies sauvages dans nos arbustaies. Les arbres leur fournissent un canapé contre les intempéries. Toutefois, les pommiers recevront un élagage pour prévenir la maladie ainsi que des interventions respectant leur propriété bio pour complémenter l’écosystème comestible existant. (Principe de la permaculture de David Holmgren)

Zone G : permaculture : cette zone sera faite en étapes : plantation de bleuetiers, fraisiers, plantes comestibles et médicinales; les arbres fruitiers qui seront ajoutés seront les poiriers et les pruniers (Espèces rustiques importées par les premiers colons français Réf. Université Laval)
Zone H. jardin xérophile : jardin de méditation très zen;  sans irrigation, plantes indigènes, pierres trouvées sur le terrain, pour éliminer les ilots de chaleur, empêcher l’érosion du sol, contrôler l’écoulement des eaux. Nous allons ajouter une variété de graminées.

Zone I : Potager sur tables adaptées pour accès universel pour personnes âgées et avec mobilité réduite : potager de cuisine, plantes comestibles, plantes médicinales, table de propagation (boutures, semis, etc.); sont installés près de la maison pour bénéficier de l’eau provenant des barils d’eau
Zone J : Jardin pluvial : il existe depuis l’automne dernier et nous avons pu en bénéficier lors de la fonte des neiges au printemps; composé de géotextile et de gravelle, il récolte les eaux provenant de la section G (assise rocheuse)

Zone K. Jardin de graminées : à l’entrée principale, pour ajouter de la verdure.
Zone L : Potager : Design d’accessibilité universelle pour personnes à mobilité réduite: potager de cuisine, plantes comestibles, médicinales, aromatiques, table de propagation (boutures, semis) arrosé par nos barils de pluie.

Finalement, le plan a été soumis à Benjamin Zizi, notre évaluateur écologique LEED Habitations chez Écohabitation pour soumettre notre dossier LEEDv4. Il fut, non seulement impressionné par notre application des concepts de permaculture, du jardin xérophile et de la forêt nourricière, mais aussi par Charlevoix et son bleu polymorphe entre mer et montagne. Au cours des prochaines semaines, je vous ferai visiter les zones de notre aménagement extérieur, même mon jardin secret.

Malgré la rigidité des normes pour obtenir la certification LEEDv4  au volet de l'aménagement paysager, c'est ce volet qui me donne une de mes plus grandes satisfactions de construire écolo. La raison est simple. Je touche la nature directement et elle vient me chercher. C'est une belle symbiose, un harmonie naturel qui fait partie des mystères de la vie. Où je ne voyais qu'un dur labeur, je vois maintenant un projet de retraite très sain, très simple, au rythme des saisons de la nature et de notre vie. 





 

 

 

mardi 25 juillet 2017

Martin Girard: au-delà du design

Ce n’est pas par hasard que ce blogue anecdotique ait suivi plusieurs matières du design écologique et soutenable. Cette trajectoire m’a permis de rencontrer des individus qui ont enrichi mon parcours parce qu’ils me portaient au bout d’une réflexion novatrice sur le design. Les acteurs principaux partageaient un lien commun : une passion axée sur la créativité à l’affut des changements sociaux et environnementaux au-delà des tendances anodines. Dans cette optique, Martin Girard, designer d’intérieur, se démarque des autres. J’admire beaucoup les gens qui expriment leur créativité avec un certain doigté parfois discret, parfois avec verve. Lorsqu’on rencontre Martin Girard, l’on se rend compte que cet homme d'affaires trouve le juste milieu. C’est pour ces raisons que je vous en parle, car il nous a impressionnés. 
 
 Martin Girard possède un bagage important en design. Jadis, il était designer de mode et côtoyait Jean-Claude Poitras et Simon Chang, les doyens dont la griffe a influencé la haute couture canadienne. Impliqué dans sa communauté, il a aussi créé les robes des duchesses pour le Carnaval de Québec. Plusieurs de ses collections selon les règles de l’art ont connu son impact qu’elle soit pour la clientèle privée ou corporative. Ayant un pied-à-terre à Baie-Saint-Paul, il fit le saut pour ouvrir son magasin de
design intérieur et au fil des années, son entreprise prit de l’ampleur nécessitant l’ouverture du magasin actuel au cœur d’une des villes touristiques les plus populaires au Québec. Il est sollicité pour plusieurs projets d’envergure tels le projet de résidences Les Bâtisseurs, Le Manoir de Sully, L’Auberge de la Muse, l’Auberge des Falaises et j’en passe. Ce designer laisse sa signature sur plusieurs grandes propriétés, mais il est plus que cela. C’est un fils de Baie-Saint-Paul et il est proche de sa communauté. Il a vécu des moments privilégiés avec les grands de notre région nommément l’artiste-peintre Bruno Côté avec qui il partageait non seulement une grande amitié, mais un respect pour leurs arts respectifs.

Martin Girard possède un sens intuitif qui lui sert bien. Il sait lire les gens. Au-delà des connaissances techniques et légales qu’il doit posséder, c’est un psychologue quand vient le temps de transiger avec ses clients. C’est plus qu’instinctif. Son expérience détecte la personnalité de son client pour connaitre le style de ce dernier qu’il soit classique, moderne, contemporain ou minimaliste. Selon Martin Girard, le design doit être intemporel ainsi qu'un bon investissement. Dans le cadre d’une conversation avec le client, il peut déceler les désirs de son interlocuteur ce qui n’est pas une mince affaire. Parfois le client sait ce qu’il ne veut pas et a de la difficulté à exprimer ce qu’il convoite.  Il discute des avantages de certains design ainsi que l’autre côté de la médaille croyant fermement dans la transparence. Il faut dire la vérité, suggérer et ne pas imposer. Lorsque les conjoints ne sont pas d’accord, il écoute et suggère des compromis. Un caveat qu’il adresse souvent aux clients est le dosage des éléments décoratifs. Trop, c’est trop. Le design intérieur porte le nom de son créateur et véhicule un message. Il doit être mûri avec une attention particulière à la qualité de vie du client. Cette approche holistique confirme notre conviction d’avoir fait de bons choix par le simple plaisir de vivre dans un environnement sain à notre image où priment la beauté et le bien-être. 

Martin Girard et Alexandra Simard
Chef d’entreprise,  Martin Girard assure à sa clientèle un service impeccable à la fine pointe de tout ce qu’il peut y avoir. Le contrôle est primordial pour maintenir la crédibilité de son entreprise. Son assistante Alexandra Simard, designer d’intérieur, lui prête main-forte dans un commerce en expansion. Alexandra démontre un professionnalisme rafraichissant. On ne demeure pas indifférent devant son énergie positive, sa capacité d’écoute et un réel désir d’assurer que le client sera heureux dans ses choix. Elle s’anime tous les jours en cherchant à se dépasser dans le design. Ce qu’elle aime le mieux est de développer un concept de design à partir du client pour créer un lien. Voir le client heureux est le produit final qu’elle recherche, en plus de pouvoir régler des situations parfois problématiques avec les fournisseurs ou les installateurs. Alexandra est excellente en communication, car elle est attentive et donne l’heure juste tout au long du processus. C’est un acolyte par excellence pour Martin Girard et pour le client. J’ai beaucoup apprécié sa collaboration lors de nos démarches.

Quelqu’un a déjà dit que l’imagination est le commencement de la création. On imagine ce que l’on désire, on veut ce que l’on imagine et finalement on crée ce que l’on veut. C’est ce qui nous épanouit et nous rend heureux. J’aimerais bien jeter un coup d’œil dans le monde de l’imagination de ce designer passionné. Je suis persuadée que dans l’univers de Martin Girard, il y a de la beauté intemporelle, de la sérénité et surtout un regard sincère sur ce qui rend les gens heureux. On le voit par son empreinte sur notre communauté et ailleurs. Au fond, Martin Girard est plus qu’un designer, c’est un bâtisseur de communauté qui démontre un respect sincère pour les gens qui l’habitent, pour l’environnement de ce riche patrimoine naturel qu’est Charlevoix et nous en sommes reconnaissants.